Antiphony Poster

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Antiphony affiche/poster, éditions Pollen, Monflanquin 2011

En faisant des recherches autour de la mort tragique de Jean Baptiste Lully, mort suite à l’infection de son orteil qu’il frappa fort lors d’un concert dédié à la guérison du roi, j’ai découvert l’existence de Philidor l’Aisnée. Philidor fut copiste et responsable de la retranscription des manuscrits à la cour du roi. Aujourd’hui, ces manuscrits sont conservés à la Bibliothèque Nationale de Versailles, à l’abri des regards et de la lumière, afin de conserver l’encre, le papier fragile, les traces. La numérisation effectuée par le département de conservation de la Bibliothèque a éclairci, 400 ans plus tard, la texture du manuscrit, la densité de l’encre, l’écriture gestuelle à la plume d’antan. C’est en regardant de plus près, que j’aperçois des ombres. À côté de ce qui est voulu, dirigé, noté, l’encre s’est émancipée pour faire tache. Taches grotesques rappelant le cheminement de la plume dans l’air, taches d’appui de la plume sur le papier buveur, ombres recto verso, traces d’erreurs finement grattées et diluées à l’acide citrique, probablement. Les taches de Philidor constituent, malgré eux, une partition possible, qui rend audible, tangible, ce qui se trouve caché à l’intérieur du papier. Issus du manuscrit de la tragédie lyrique de « Psyché » – rappelant, en clin d’œil, que l’écriture a une âme, le papier un certain esprit – ces accidents d’écriture sont sonorisés à l’aide d’un instrument construit à cet effet. 

Evgenija Wassilew, 2011